dimanche 30 novembre 2014

Des policiers roués de coups par des casseurs

(©Jean-Philippe Ksiazek)


Samedi après-midi à Lyon, 2 policiers en civil ont été roués de coups et transportés à l’hôpital. Ils ont été attaqués par des individus censés manifester contre le congrès du Front National qui se tenait à l’autre bout de la ville.

Place Jean Macé à Lyon, 14 heures. Des centaines de manifestants se regroupent pour protester contre le Front National à l’appel de plus de 50 organisations. Finalement ce sont environ 2 500 personnes qui se préparent à partir en cortège dans les rues de Lyon.
L’ambiance se veut « joyeuse et festive ». Les organisateurs parmi lesquels des partis politiques, des syndicats et des associations appellent les citoyens « qui se reconnaissent dans les valeurs de la démocratie » à les rejoindre pour dénoncer les « ravages de l’extrême-droite ».
L’accès à la place est verrouillé. La police contrôle a peu près tous ceux qui portent un sac à dos et avant même le début de la manifestation plusieurs personnes sont interpellées, menottées et placées en garde-à-vue.
                       
Vers 15h30 le cortège s’ébranle en direction de Saxe-Gambetta. Très rapidement, quelques individus habillés en noir, cagoulés pour certains, sortent du cortège et fracassent des vitrines à coups de marteau puis réintègrent le cortège.  C’est là que la manifestation commence à déraper.

Selon l’AFP « 2 fonctionnaires du renseignement territorial ont été roués de coups ». (1) En observant les vidéos mises en ligne, on peut effectivement y voir l’agression contre les policiers.
La scène est filmée par au moins 3 caméras : à 1’13 sur la vidéo de Picta Press (2), à 11’55 sur la vidéo de Line Press (3) et à 0'20 sur celle de 6medias (4). Elle ne dure que quelques secondes mais on y voit un homme à terre se faire attaquer par un casseur. Alors que son collègue tente de le protéger, les deux hommes se font ensuite caillasser avant d’être roués de coups par une bonne dizaine de personnes habillées en noir. 
La réaction des forces de l’ordre est très rapide. Elle se traduit par une pluie de grenades lacrymogène sur tout le monde.

A partir de là, la suite de la manifestation ne sera qu’une succession d’incidents. Abribus cassés, vitrines attaquées à coups de marteau, distributeurs de billet détruits. Un peu plus loin, au niveau de la Guillotière, une centaine de casseurs, 200 à 300 selon l’AFP, 900 selon la préfecture, commencent à jeter des barricades, des pierres et des bouteilles sur les CRS.

«La manifestation a été infiltrée par des casseurs qui étaient masqués, le corps protégé par de la mousse pour certains. Ils ont commencé à casser des vitrines et du matériel urbain, avant de prendre des barrières de chantier et d’avancer avec. La police a essayé de les encercler», raconte un membre de la CFDT.

La police riposte à coups de gaz lacrymogène et de canon à eau. Sur le pont de la Guillotière, la manifestation est coupée en deux. Vers 17 heures, la préfecture demande aux organisateurs d’interrompre la manifestation qui tourne au fiasco.

Des courses poursuites s’engagent alors dans la presqu’île entre ce qui reste de manifestants ou de casseurs, on ne sait plus bien, et des policiers. Dans un petite ruelle, des vêtements, des lunettes, des gants et des marteaux sont abandonnés par les derniers casseurs qui se fondent dans la foule dense d’un samedi après-midi.

Selon le Directeur de la DDSP (Direction Départementale de la Sécurité Publique), il y aurait eu 14 interpellations, 11 policiers blessés et des dégâts « minimes ». Pas sur que ce soit l’avis des policiers envoyés à l’hôpital, des commerçants aux vitres saccagées et des passants aspergés de gaz lacrymogène.
Du côté des organisateurs qui voulaient « emmerder » le Front National. On a surtout le sentiment de s’être tiré une balle dans le pied.

Quelques organisateurs parmi lesquels le Parti Socialiste se demandent aujourd’hui pourquoi la police a préféré riposter en ciblant tous les manifestants plutôt que d’interpeller les casseurs les plus violents. Le communiqué du PS met d’ailleurs sur le même plan les « abribus et commerces vandalisés » avec les « charge des CRS » qu’il qualifie tous les deux de « débordements ». (5)

Aujourd’hui, force est de constater que la lutte contre le FN, instaurée grande cause nationale par le parti socialiste et ses amis, devient de plus en plus compliquée. Cette journée aura en tout cas montré clairement qu’en voulant dénoncer un parti « dangereux, raciste et nauséabond » certains offrent un terrain particulièrement propice à des casseurs ultras violents.

Les débordements dans les manifestations ne sont pas nouveaux. En revanche, ce qui frappe cette fois-ci, c’est la violence avec laquelle des casseurs s’en sont pris à des policiers.

Il paraît que « tout fout le camp ». C’est vrai que quand l’Etat lui-même est sali par ses plus hauts représentants, de droite comme de gauche, il ne faut pas s’étonner que de plus en plus de monde perde ses repères.

Comment voulez-vous avoir confiance dans un Etat dont un ministre du budget, chargé de la fraude fiscale possède des comptes en Suisse ? Comment voulez-vous avoir confiance dans un Etat dont le président multiplie les mensonges sur la dette, le chômage, les impôts et jusque sur sa vie privée qui fait régulièrement la une des journaux.

Dans leur communiqué appelant à manifester, les organisateurs précisent que le FN est « un parti dangereux pour la démocratie, le vivre ensemble et le progrès social ». Ah. Bon, très bien. Si les socialistes nous le disent...

En attendant, ce qu’on peut constater pour le vivre au quotidien, c’est que depuis que le Parti Socialiste est au pouvoir, la démocratie, le vivre ensemble et le progrès social reculent un peu plus chaque jour. Cette manifestation en est une illustration supplémentaire.





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